J'aimerais que ça soit comme ça.
Mais...

Quand j'étais petite, je croyais que l'amitié, c'était pour la vie.
Manque de bol, je me suis trompée.

C'était notre premier jour à la plage en amoureux. On avait comme échoué là, sans grande conviction, en se disant, que ça pourrait être pas trop mal. Et puis nous en sommes vite tombés amoureux. La toute petite plage, coincée entre l'église et la jetée, avant le grand large. On voyait presque tout de là, les bateaux, les badauds, le château, le moulin. Et on nous voyait si peu. Il y avait nous, et tout le reste. La petite colline avec la chapelle, les falaises, et l'eau assortie à ses yeux. Les photos, la plage de galets et un peu de sable. Et tout ce sel, qui apparaît sur la peau et qui dessine des labyrinthes.
Mais surtout, ses interminables cils couronnés de grains de sel.

Leurs yeux sont remplis de larmes, et leur tête est nue. Ils ont un teint jaunâtre et les mains froides. C'est quand leur corps est infesté de vilaines cellules. Des cellules qui s'accrochent à eux, alors qu'ils n'en ont pas besoin. Des cellules qui les détruisent de l'intérieur. Qui leur pompent leur énergie, leur joie de vivre, leurs rires, leurs paroles.
C'est une pandémie. Tatie Odette, Mamie, Pierre, Michèle... Et maintenant Ginette.
Des cellules. Qui prennent toute la place. Qui les font mourir.
C'est le cancer.